Heitor Villa-Lobos (1887 – 1959)
Le mois de Février est le mois du Carnaval !
A défaut d’un voyage à Rio de Janeiro, Salvador-Bahia ou Recife, je vous invite à écouter et peut-être découvrir un compositeur « classique » brésilien : Heitor Villa-Lobos à travers quelques extraits de son œuvre, plus au moins connus…
Musicien de la première moitié du XXè siècle, Heitor Villa Lobos est né et mort à Rio de Janeiro. Violoncelliste, guitariste, compositeur, il a étudié la musique d’abord au Brésil, puis en Europe. Il a consacré une partie de sa vie à parcourir le Brésil à la découverte du folklore de son pays, mais était aussi fasciné par la musique européenne, et en particulier celle de Bach.
Les Bachianas Brasileiras sont des pièces écrites pour des petites formations ou pour orchestre, dans lesquelles le compositeur rend hommage à J.S.Bach (l’écriture rappelle la musique baroque), mais s’inspire également de chants et de danses populaires brésiliens.
Bachiana Brasileira n°5 – I. Aria (Cantilena)
Violoncellistes du Gothenburg Symphony Orchestra – Barbara Hannigan, soprano
Texte de Ruth Valladares Corrêa
Tarde, uma nuvem rosea lenta e transparente, sobre o espaço sonhadora e bela!
Surge no infinito a lua docemente,
Enfeitando a tarde, qual meiga donzela que se a presta e alinda sonhadoramente,
Em anseios d’alma para ficar bela,rita ao ceo e a terra, toda a Natureza!
Cala a passarada aos seus tristes queixumes, e reflete o mar toda a sua riqueza…
Suave a luz da lua desperta agora, a cruel saudade que ri echora!
Tarde uma nuvem rosea lenta e transparente, sobre o espaço sonhadora e bela!
Le soir, un nuage rosit, lent et transparent, rêveur et beau dans l’espace !
A l’infini, la lune s’élève lentement,
Enjolivant le soir, telle une demoiselle qui s’apprête et s’embellit rêveusement,
Son âme troublée pour rester belle, crie au ciel et à la terre, à toute la nature !
Ses tristes plaintes, et la mer reflète toute sa richesse…
La lumière suave de la lune réveille maintenant la cruelle nostalgie de celui qui rit et pleure !
Le soir, un nuage rosit, lent et transparent, rêveur et beau dans l’espace !
Bachiana Brasileira n°5 – II. Dança – Enregistrement de 1947 à Paris.
Violoncellistes de l’Orchestre de la Radiodiffusion Française – Hilda Ohlin, soprano – Direction Heitor Villa-Lobos
Texte de Manuel Bandeira (1886 – 1968)
Irerê, meu passarinho do sertão do Cariri,
Irerê, meu companheiro,
Cadê viola?
Cadê meu bem?
Cadê Maria?
Ah! Ai triste sorte do violeiro cantadô,
Ah! Sem a viola em que cantava o seu amô,
Seu assobio é tua flauta de Irerê,
Que tua flauta do Sertão quando assobia, ah!
A gente sofre sem querê! Ah!
Teu canto chega lá do fundo do sertão, ah!
Como u’a brisa amolecendo o coração, ah!
Irerê, solta teu canto!
Canta mais!
Canta mais!Pra lembrá o Cariri!
Canta, Cambaxirra! Canta Juriti!
Canta irerê! Canta, canta, sofrê…
Patativa! Bem-te-vi! Maria acorda que é dia!
Cantem todos vocês, passarinhos do sertão
Bem-te-vi… Êh! Sabiá!
Lá liá liá liá liá liá êh Sabiá da mata cantadô!
Liá liá liá liá…
Lá liá liá liá liá liá êh Sabiá da mata sofredô!
O vosso canto vem do fundo do sertão
Como uma brisa amolecendo o coração…
Irerê meu passarinho etc.
Irerê, mon petit oiseau de l’arrière-pays du Cariri,
Irerê, mon compagnon,
Où est ta guitare ?
Où est mon bébé ?
Où est Maria ?
Ah, le triste sort du guitariste chanteur,
sans la guitare sur laquelle il a chanté son amour,
Son sifflet est votre flûte d’Irerê,
Quand ta flûte du Sertão siffle, ah !
Nous souffrons sans le vouloir ! Ah !
Ton chant s’enfonce dans le sertão, ah !
Comme une brise qui adoucit le cœur, ah !
Irerê, laisse sortir ton chant !
Chante encore !
Chante encore, pour te souvenir de Cariri !
Chante, Cambaxirra ! Chante Juriti !
Chante Irerê ! Chantez, chantez, souffrez…
Patativa ! Bem-te-vi ! Maria, réveille-toi !
Chantez tous les oiseaux du sertão
Bem-te-vi… Sabiá !
Lá liá liá liá êh Sabiá da mata cantadô !
Liá liá liá liá…
Lá liá liá liá liá êh Sabiá da mata sofredô !
Ton chant vient des profondeurs du sertão
Comme une brise qui adoucit le cœur…
Irerê mon petit oiseau etc.
Version transcrite par le compositeur pour Soprano et Guitare : j’aime beaucoup ce duo féminin (j’ai vu peu de femme dans tous les ensembles de violoncellistes visionnés !).
Devinettes :
1. Elle est plus courte que la version initiale avec les violoncelles. Pourquoi ?
2. Quelle est la différence entre la vocalise du début et sa reprise à la fin ?
Celui ou celle qui dira pourquoi en commentaire gagnera … les félicitations de la communauté !
Ici une courte pièce pour piano « Assim ninava mamā » (Ainsi me berçait ma maman), qui pourrait tenter mes anciens élèves… Anna Stella Schic au piano.
Pour rejoindre un des nombreux carnavals du Brésil, continuons en prenant « Le petit train de Caipira », dernier Mouvement de la Bachiana Brasileira No. 2, pour orchestre (1930). Sept ans après Arthur Honegger et son poème symphonique « Pacific 231 », Villa-Lobos décrit orchestralement, et magistralement ce petit train à vapeur qui traverse une région du Brésil.
Mais bon… Écouter les yeux fermés une samba ou des musiques du carnaval de Rio n’a pas grand intérêt, alors je vous propose pour terminer cette courte visite au Brésil un des plus grands tubes de Carlos Jobim (1927-1994) : « La fille d’Ipanema » !… Version publique du compositeur.
Présentation de Villa-Lobos dans un documentaire diffusé par Arte-France dans son émission « Invitation au voyage ».
Voir la séquence entre 1’55 » et 16’20 ».
https://www.arte.tv/fr/videos/104432-150-A/invitation-au-voyage