Anton Bruckner : Symphonie n°9 en Ré mineur WAB 109 Extrait du 3ème mouvement.
Je vous propose pour cette 24° écoute musicale un extrait d’une œuvre qui me tient particulièrement à cœur : la 9ème Symphonie d’Anton Bruckner (1824-1896), achevée l’année de sa mort. Plus exactement, le début du 3ème mouvement, pour rester dans le cadre que j’ai fixé pour ces écoutes, à savoir entre 10 et 20′ maximum, pour tenter de créer pour mes anciens élèves et étudiants un temps d’écoute ritualisé chaque semaine, si possible en famille…
Ce 3ème mouvement dure plus de 30′. Je vous recommande évidemment de prendre ce temps pour l’écouter intégralement.
Cependant, les 10 premières minutes devraient vous donner envie de prolonger votre écoute, surtout si vous les comparez au merveilleux thème de Wagner extrait de « Tristan et Isolde », créé 30 ans plus tôt, en 1865 (proposé dans l’écoute musicale n°23).
Mon propos n’est pas d’analyser ces œuvres en détail. Cela dépasserait mes compétences et nous éloignerait de l’objectif fixé.
Je me contente de faire un parallèle entre le thème complexe du « Liebestod » de la mort d’Isolde, dont la mort est appelée à transcender l’Amour et la Mort elle-même dans une autre Vie, et le thème initial de ce 3ème mouvement de la 9ème Symphonie de Bruckner.
L’élan initial est le même, mais l’intervalle élargit par Bruckner : la Sixte mineure devient une Neuvième mineure, mais le rythme est comparable. La résolution diffère également, inachevée chez Wagner, tout de suite apaisée chez Bruckner…
Mon professeur de musique de 5° nous avait fait écrire en entête de notre cahier :
« Là où s’arrête la puissance des mots commence la musique » – Richard Wagner.
Je n’ai jamais oublié ni cette phrase, ni ce professeur.
Et je trouve que Bruckner illustre particulièrement cette phrase. Sa musique vous attrape par un coin de l’âme et ne la lâche plus, luis faisant parcourir en un flot incessant les tourments de la vie, jusqu’au chaos, pour vous dire finalement avec une infinie tendresse : ce n’est pas si grave, tout passe ! Le passage du mineur au Majeur est particulièrement lumineux… Et les temps de silence aussi importants que les sons.
Voici cette première partie, d’une durée de 10’30 », extraite de l’enregistrement intégral de l’Orchestre Philharmonique de Munich dirigé par l’incomparable Sergiu Celibidache.