Écoute musicale n°37
Écoute musicale n°37

Écoute musicale n°37

Robert Schumann (1810-1856)

Robert Schumann est un compositeur éminemment romantique.
J’ai déjà proposé dans l’écoute n°22 de se laisser porter par la poésie des « Kinderszenen » Op.15.
Cette fois-ci, c’est la virtuosité et la richesse orchestrale du piano que je vous invite à découvrir ou réécouter.

Je vous propose deux œuvres incontournables du répertoire des grands concertistes : la « Fantasie » Op.17, en 3 Mouvements, et les « Études Symphoniques » Op.13 dans la version intégrale comprenant les variations éditées du vivant de Schumann, suivies des variations Posthumes.

En guise de prélude à ces deux œuvres monumentales de plus ou moins 30′ chacune, j’en ai extrait un Mouvement de chaque, me permettant de rester dans le cadre de ces propositions d’écoutes. Vous trouverez ces extraits associés dans un seul fichier, présentés séparément plus bas.

L’évolution du langage musical

Cette écoute n°37 faisant suite à la mise en relief du clavecin dans l’écoute n°36, le contraste est impressionnant. Il est fascinant de constater cette évolution du langage, en moins de 100 ans, à la faveur de l’évolution de la facture instrumentale.

Cette évolution a cependant été très progressive, laissant aux auditeurs de l’époque le temps d’évoluer à la même vitesse. Ce ne fut pas le cas entre le XIX° siècle, romantique, et le XX° siècle dissonant, qui a fait brusquement éclater les structures consensuelles de la tonalité. De même pouvons-nous constater une évolution comparable entre le XX° et le XXI° siècle avec l’usage de l’informatique…

L’âge d’or du piano

Le XIX° siècle peut être considéré comme celui de l’âge d’or du piano.
Nés autour de 1810, Frédéric Chopin et Robert Schumann (1810), et Franz Liszt (1811) sont les trois compositeurs qui ont donné au piano une place incontournable dans le paysage musical de leur époque, toujours d’actualité.
La virtuosité d’un grand nombre de leurs œuvres a souvent aveuglé les auditeurs impressionnés par le niveau redoutable des difficultés techniques à surmonter pour leur exécution (!).

Fantaisie Op.17 en Do Majeur (composée en 1836), par Vladimir Horowitz, 3ème Mouvement ‘Langsam getragen. Durchweg leise zu halten’ (9’56 ») :

J’ai découvert cette œuvre magnifique en cherchant des articles sur un problème particulier : le jeu de pianistes du XX° siècle qui désynchronisaient plus ou moins (?) volontairement les basses et la ligne du chant principal. Cette pratique a disparu à la fin du siècle, mais on la trouve dans d’anciens enregistrements, et je me demande d’où elle est venue.
En écoutant cette Fantaisie en lisant la partition, il y a peut-être un élément de réponse : les passages dans lesquels la polyrythmie est particulièrement complexe avec des 5 pour 6 par exemple sont assez nombreux. Dans ces cas-là, la désynchronisation est écrite et voulue par le compositeur qui met en évidence la liberté rythmique du thème mélodique (*).

Voici la « Fantasie » Op.17 dans l’intégralité des 3 mouvements (dont le 3ème mouvement est présenté en introduction), à savoir :

  • 00:00 1. Durchaus phantastisch und leidenschaftlich vorzutragen (Une interprétation tout à fait fantastique et passionnée)
  • 12:34 2. Maßig. Durchaus energisch (Démesurément grand. Extrêmement énergique)
  • 20:30 3. Langsam getragen. Durchweg leise zu halten (Porté lentement. A tenir en douceur de bout en bout)

Vladimir Horowitz : enregistrement de son concert historique de 1965 au Carnegie Hall de New-York (30’27 »)

Pour compléter ce programme, voici une autre œuvre de Schumann dont le titre annonce la dimension orchestrale et la virtuosité requise. Celle-ci masque parfois la subtilité de la polyphonie de Schumann, ce qui est une difficulté supplémentaire pour l’interprète.
Voici un extrait des Études symphoniques Op.13 avec la Variation 6 par Vladimir Ashkenazy, enregistré en public en 1985.

Et l’intégralité des Études symphoniques Op.13, toujours par Vladimir Ashkenazy (33′).

Ci-dessous les Études symphoniques Op.13 par Sviatoslav Richter à écouter en suivant la partition. Vous constaterez comme moi à quel point ce grand pianiste se joue des difficultés ! (34’16 »)

(*) Si vous avez des réponses, suggestions ou commentaires à ce sujet, je serais très heureux de les lire et de les partager ci-dessous.
Merci d’avance !

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