La discipline en questions

Autorité, discipline, ces mots ont-ils leur place dans la pédagogie Willems® ?
Si oui, à quel niveau ?

La question de la discipline dans les cours d’initiation musicale revient fréquemment dans les cours de formation. Elle est souvent posée par de jeunes professeurs encore peu expérimentés, ce qui est bien naturel.

L’objet de cet article n’est pas de donner des solutions magiques à des difficultés aussi variées que les situations et les personnes concernées.
L’idée est plutôt de solliciter nos lecteurs pour partager des réflexions et des expériences, et ainsi leur dire qu’ils ne sont pas seuls à y être (ou avoir été) confrontés.

Pour avoir travaillé dans des écoles maternelles et élémentaires, j’ai pu constater que des enfants pouvaient changer complètement de comportement d’une année sur l’autre, quand le maître ou la maîtresse changeait. L’attitude du professeur semble bien être en cause.

Nous voyons quelquefois des professeurs complètement débordés par leurs élèves, même en petits effectifs et à un très jeune âge. D’autres fois, on a l’impression qu’il se dégage du professeur une sorte « d’autorité naturelle ».

Pour ouvrir le débat, je propose quelques pistes…

Observer

Les jeunes professeurs connaissent souvent mieux la musique que la psychologie de l’enfant.
Il arrive qu’ils soient tellement désireux de partager leur amour de la musique, qu’ils en oublient les étapes nécessaires à l’enfant pour y adhérer au même niveau.

La première étape est donc l’observation fine de l’enfant, et de l’enfant dans le groupe.
Cela permet de sentir quels sont ses besoins du moment, quelquefois très éloignés de l’activité en cours, et donc d’évaluer de quelle façon il convient au mieux d’y répondre.

Mais pendant que le professeur « observe », qui conduit la leçon ?

Naturellement, cette observation se développe avec le temps…
L’outil idéal pour progresser est la vidéo : filmer ses cours, puis prendre le temps de les visionner, seul ou avec quelqu’un de plus expérimenté.
Mais ça ne suffit pas à régler tous les problèmes.

Silence ! … ?!

Les apprentissages nécessitent du calme, pour favoriser la concentration, et pour la musique, beaucoup de silence, pour valoriser l’écoute du son !

On peut donc être tenté d’imposer le silence, comme préalable à l’activité.
Mais cela ne garantit pas la qualité de l’écoute que nous appelons de nos vœux.
Ni la participation active, inventive et joyeuse que nous espérons !

On peut alors être tenté de miser sur l’attrait de la musique pour susciter l’adhésion et la participation active et constructive des élèves.
Mais chacun réagissant différemment il n’est pas sûr qu’on entende la musique ou que les plus timides y trouvent leur compte…

Et Willems dans tout ça ?

Jacques Chapuis, Président-Fondateur de l’AIEM-Willems, racontait que la chanson « Le géant » était née d’une situation inattendue à laquelle Edgar Willems a répondu à sa manière :
Un jour qu’il entrait dans la salle de classe, il trouva ses élèves debout sur la table (c’était un petit groupe). Au lieu de les gronder, il s’est exclamé « Oh ! Des géants ! », et il a commencé à chanter en improvisant la chanson … qui nous sert encore aujourd’hui de référence pour la Tierce mineure !!

Questions

Alors, peut-on, doit-on toujours tenter de « musicaliser » toutes les situations ?

L’observation des besoins de l’enfant conduit-elle à satisfaire tous ses désirs ?

Jacques Chapuis disait souvent « L’enfant est supérieur à l’adulte au plan de ses potentialités ».
Est-ce dire que l’enfant a toujours raison ?

Et en quoi consiste cette « autorité naturelle » évoquée plus haut ? Peut-on l’acquérir ?

Le débat est ouvert

Le débat est ouvert, non pour ouvrir une polémique, mais pour aider nos jeunes professeurs à être plus heureux dans leur travail au service des enfants et de la musique.

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