Carl-Philip-Emanuel Bach (1714-1788)
Le plus célèbre des 4 fils musiciens de Jean-Sébastien Bach est sans doute Carl-Philip-Emanuel, dit aussi « le Bach de Berlin ou de Hambourg ». Mozart dira de lui : «Il est le père, nous sommes les enfants». Carl Philipp Emanuel est en effet l’un des musiciens majeurs de cette époque charnière entre les esthétiques baroque et classique.
S’il laisse une œuvre importante pour toutes sortes d’effectifs, le clavier reste son instrument de prédilection, préférant toutefois le Clavicorde et le Piano-forte au Clavecin. Il consacre plusieurs recueils au clavier, qui regroupent de nombreuses sonates ainsi que des œuvres d’écriture très libre comme les fantaisies, genre dans lequel il excelle.
Étudiée par Haydn, admirée par Beethoven, la musique de Carl Philipp Emanuel eut une influence considérable sur de nombreux musiciens de la seconde moitié du XVIIIe siècle : un correspondant de Charles Burney parlera de « Carlophilipemanuelbachomania ». Ce programme permet d’en mesurer toute la richesse.
Avant de développer, voici quelques extraits à écouter tranquillement, de préférence les yeux fermés, comme toujours…
Compilation de 5 versions du « Solfeggietto«
Clavicorde, Piano, Trio, Sextet de Clarinettes, … !
Sonate pour clavier en Fa mineur H. 173
I. Allegro assai – II. Andante –
III. Andantino grazioso
Fantaisie en Fa# mineur, Wq. 80
Symphonie en Ré Majeur Wq. 183 :
I. Allegro di molto – II. Largo – III. Presto
Motet : Heilig ist Gott, Wq. 217
Deux extraits du Magnificat :
6. Duo « Deposuit potentes de sede » (A, T)
9. Chœur final « Sicut erat in principio »
Le « tube » : Solfeggio en Do mineur H. 220, Wq. 117/2 (1766)
C’est sans aucun doute la pièce la plus connue de CPE Bach. Petite étude en forme de Toccata, elle a traversé les siècles pour devenir un standard de jazz !… Voici donc cette pièce successivement dans 5 versions différentes :
Paul Mauffray, Clavecin / Fazil Say, Piano / Luca Sestak Trio / Steve Pierce, clarinet sextet / … Surprise !
Solfeggio en Do mineur H. 220, Wq. 117/2 (1766)
Paul Mauffray, Clavecin
Fazil Say, Piano
Luca Sestak Trio
Steve Pierce joue seul son arrangement / sextuor de clarinettes.
Et comme c’est bientôt Noël, voilà un cadeau spécial : j’adore !!
CPE Bach est aussi connu pour être le père de la sonate classique dont il a écrit au moins 170 pièces.
En voici deux exemples qui montrent assez bien le passage du « Sturm und Drang » (clair/obscur) aux prémisses du romantisme. Ce n’est pas par hasard que Beethoven l’appréciait tant !
Sonate pour clavier en La Majeur, Wq. 55/4 (1765):
I. Allegro assai – II. Poco adagio – III. Allegro
Aline Zylberajch, Pianoforte
Solungga Liu, piano
Sonate en La mineur H.247
I. Allegro – II. Andante III. Allegro di molto
Marc-André Hamelin, Piano
Sonate en Fa mineur H. 173
I. Allegro assai – II. Andante – III. Andantino grazioso
Marc-André Hamelin, Piano
Fantaisie en Fa# mineur, Wq. 80
Ce testament musical de Carl Philipp Emanuel Bach est présentée ici dans la version avec accompagnement de violon, particulièrement émouvante.
Aline Zylberajch, Piano à tangentes – Alice Piérot, Violon
Cet enregistrement est aussi l’occasion de découvrir un instrument très prisé à cette époque en Allemagne et aujourd’hui méconnu, le Tangentenflügel ou piano à tangentes : de petites languettes de bois dont l’extrémité, sans habillage aucun, est simplement arrondie, sont propulsées en l’air verticalement, sans système d’échappement, pour venir frapper la corde et produire un son clair et limpide. Ces instruments singuliers sont les fruits d’une recherche de combinaisons de sonorités modulées par un système de registres, qui offrent à l’interprète une grande variété de timbres, du plus brillant au plus suave.
« Tangentenflügel. Un Flügel sans plumes (…) Son jeu de luth est d’une sonorité belle et pénétrante, et il est pourvu d’une genouillère qui permet de lever les étouffoirs des cordes, ce qui produit un son puissant et magnifique » (H.C. Koch, Musikalisches Lexicon, 1802)
12 Variations sur « La Folia d’Espagne », Wq. 118/9, H. 263
Jocelyne Cuiller – Clavicorde
Tini Mathot, Pianoforte
Cette « Folia » a été reprise mainte fois, chaque compositeur y présentant ses talents par autant de variations.
Deux exemples avec d’autres instruments : harpe puis guitare.
Francesco Petrini (1744-1819)
Harpe (interprète non communiqué)
Mauro Giuliani (1781-1829) – Variations Op. 45
Manuel Barrueco, Guitare
Et parmi tant d’autres, voici enfin la Follia de Corelli, par Hespèrion XXI & Jordi Savall
La somme d’une vie.
Le 9 avril 1786, Carl Philipp Emanuel Bach dirige à Hambourg un concert de bienfaisance. Au programme, trois de ses meilleures œuvres, représentatives de son génie : la Symphonie Wq 183/1 (1780), le Magnificat composé en 1749 dans l’espoir de succéder à son père comme Cantor de Leipzig, et enfin l’époustouflant Heilig (1776) à double chœur, dont il écrit : “Dans le genre, ce sera mon chant du cygne, et servira à ce qu’on ne m’oublie pas trop vite après ma mort.” Il eut raison : 300 ans après sa naissance, ce CD publié par Harmonia Mundi HMC902167 en Février 2014, reprenant le même programme en témoigne.
Elizabeth Watts, Soprano
Wiebke Lehmkuhl, Mezzo-soprano
RIAS Kammerchor Berlin Ensemble choral
Lothar Odinius, Ténor
Markus Eiche, Basse
Akademie für Alte Musik Berlin Ensemble de mus. ancienne
Hans-Christoph Rademann Direction
Symphonie en Ré Majeur Wq. 183:
I. Allegro di molto – II. Largo – III. Presto
Magnificat, Wq. 215
Pour conclure en ce temps de Noël ce bref panorama de ce compositeur prolixe, voici son Magnificat :
1. Chor. Magnificat anima mea Dominum
2. Arie. Quia respexit humilitatem (S)
3. Arie. Quia fecit mihi magna (T)
4. Chor. Et misericordia eius
5. Arie. Fecit potentiam in bracchio suo (B)
6. Duett. Deposuit potentes de sede (A, T)
7. Arie. Suscepit Israel puerum suum (A)
8. Chor. Gloria Patri et Filio
9. Chor. Sicut erat in principio
Les 9 numéros enchaînés :
Motet : Heilig ist Gott, Wq. 217
1. Ariette. Herr, wert, daß Scharen der Engel (A)
2. Chor der Engel und Völker. Heilig, heilig, heilig ist Gott