Écoute musicale n°56 L’amour !
Écoute musicale n°56 L’amour !

Écoute musicale n°56 L’amour !

L’amour ?… L’amour !

De tous temps, la musique a été l’un des vecteurs privilégiés de l’amour.
Pour cet article publié le 14 février 2025, jour de la Saint-Valentin, fête des amoureux (et des fleuristes !), je vous propose un petit florilège centré sur l’amour, à écouter pour le plaisir, et joyeux passionnéqui pourrait servir à témoigner de votre flamme, qui sait ?…

Voici 5 compilations suivant différentes thématiques, à choisir suivant votre humeur du jour…
Les détails suivent dans l’article.

💖 L’AMOUR TENDRE :
« Après un rêve«  – Gabriel Fauré
“L’heure exquise » – Franz Lehár
« Soave sia il vento » – Wolfgang-Amadeus Mozart

🥂 L’AMOUR JOYEUX ET FRIVOLE :
« Duo des fleurs« 
« Belle nuit, ô nuit d’amour« 

🌊 L’AMOUR MÉLANCOLIQUE ET NOSTALGIQUE :
« Beau soir« 
« Почему? (Pourquoi ?) »
« Ich bin der Welt abhanden gekommen« 

🔥 L’AMOUR PASSIONNÉ ET TRAGIQUE :
« L’amour est un oiseau rebelle« 
“Addio del passato”
« Liebestod« 

🙏 L’AMOUR MYSTIQUE ET SPIRITUEL :
« Bist Du bei mir« 
« Pourquoi ? »

Et si vous ne voulez pas choisir, voici les 5 compilations enchaînées !


💖 L’AMOUR TENDRE

Gabriel Fauré (1845-1924) – « Après un rêve » sur un poème de Romain Bussine

Dans un sommeil que charmait ton image
Je rêvais le bonheur ardent mirage,
Tes yeux étaient plus doux, ta voix pure et sonore,
Tu rayonnais comme un ciel éclairé par l’aurore
Tu m’appelais et je quittais la terre
Pour m’enfuir avec toi vers la lumière,

Les cieux pour nous entr’ouvraient leurs nues,
Splendeurs inconnues,
Lueurs divines entrevues,
Hélas! Hélas, triste réveil des songes,
Je t’appelle, o nuit, rends-moi tes mensonges,
Reviens, o nuit mystérieuse.

Par Sabine Devieilhe, Soprano & Alexandre Tharaud, Piano.

Franz Lehár (1870-1948) – “Heure exquise qui nous grise” extrait de « La Veuve joyeuse« 

Une valse élégante, où deux amants dansent et chantent leur amour radieux.

Texte original allemand

Lippen schweigen, ’s flüstern Geigen,
Hab’ mich lieb!
All die Schritte sagen bitte,
Hab’ mich lieb!
Jeder Druck der Hände deutlich mir’s beschrieb,
Er sagt klar, ja, das ist wahr,
Du hast mich lieb!

Kathleen Battle, Soprano – Thomas Hampson, Baryton
Orchestra of St. Luke’s, John Nelson, Direction (1995)

Adaptation en français

L’heure exquise qui nous grise,
Lentement, doucement,
Descend dans mon cœur qui frissonne,
Et l’embrase comme un feu ardent.

Nos âmes grises exquises
Se comprennent sans parler,
Et dans cet instant sublime,
Mon cœur rêve grisé !

Par Uta Graf, soprano – Aimé Doniat, ténor (version 1958)
Orchestre des Concerts de Paris, direction François Le Berger

Wolfgang-Amadeus Mozart (1756-1791) – « Soave sia il vento » extrait de « Cosi fan tutte »

Elina Garanca, Erin Wall & Ruggero Raimondi – 2005


🥂 L’AMOUR JOYEUX ET FRIVOLE

Léo Delibes (1836-1891) – « Duo des fleurs » extrait de « Lakmé »

Nadine Sierra & Pretty Yende, Soprani
Giacomo Sagripanti à la tête des Frivolités Parisiennes – Philharmonie de Paris 2023

Gioacchino Rossini (1792-1868) – « Largo al factotum » extrait de « Il barbiere di Siviglia »

Figaro, le joyeux entremetteur, chante son rôle dans les intrigues amoureuses avec un humour irrésistible.
Par Hermann Prey, Baryton (Figaro) – Direction : Claudio Abbado

Jacques Offenbach (1819-1880) – « Belle nuit, ô nuit d’amour » Barcarolle extraite de « Les Contes d’Hoffmann »

Belle nuit, ô nuit d’amour,
souris à nos ivresses,
nuit plus douce que le jour,
ô belle nuit d’amour !

Le temps fuit et sans retour
emporte nos tendresses,
loin de cet heureux séjour
le temps fuit sans retour.

Zéphirs embrasés
Versez-nous vos caresses.
Zéphirs embrasés
Donnez-nous vos baisers, Ah ! __

La célèbre Barcarolle, une mélodie enivrante évoquant une nuit romantique à Venise.
Par Anna Netrebko & Elīna Garanča, Soprani – Dirigé par Emmanuel Villaume à la tête du Orchestra Prague Philharmonia


🌊 L’AMOUR MÉLANCOLIQUE ET NOSTALGIQUE

Claude Debussy (1862-1918) – « Beau soir« 

Par Natalie Pérez, Mezzo-soprano & Justine Verdier, Piano.

Lorsque au soleil couchant les rivières sont roses
Et qu’un tiède frisson court sur les champs de blé,
Un conseil d’être heureux semble sortir des choses
Et monter vers le coeur troublé.

Un conseil de goûter le charme d’être au monde
Cependant qu’on est jeune et que le soir est beau,
Car nous nous en allons, comme s’en va cette onde:
Elle à la mer, nous au tombeau.

Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) – “Почему?” (Pourquoi ?) Romance Op.6 n°5

Texte de Lev Mei. C’est une romance poignante, où Tchaïkovski exprime une mélancolie déchirante face à la perte et à l’incompréhension du destin. Son atmosphère nostalgique et dramatique en fait l’un de ses plus beaux lieder.

Зачем, зачем, скажи, безвременно, жестоко
Из жизни ты ушла, звезды моей светлей?
Зачем угас и стынет лучистый взор глубокий?
Зачем умолк певучий, волшебный голос твой?

Зачем тебе любить? Зачем мне знать, что значит
Любовь, когда мой рай в могиле ты обрек?
Зачем весной былое с могилой не удачить?
Зачем, зачем мне жить и вновь искать тревог?

Pourquoi, pourquoi, dis-moi, si tôt, si cruellement
Es-tu partie de cette vie, toi, plus brillante que mon étoile ?
Pourquoi ton regard profond et radieux s’est-il éteint et refroidi Pourquoi s’est tu ta voix enchanteresse et mélodieuse ?

Pourquoi fallait-il aimer ? Pourquoi devais-je connaître
L’amour, si mon paradis repose maintenant dans une tombe ?
Pourquoi le printemps ne peut-il ressusciter le passé ?
Pourquoi, pourquoi vivre encore et chercher de nouveaux tourments ?

Par Dmitry Zuev, Baryton & Antonina Kadobnova, Piano.

Gustav Mahler (1860-1911) – « Ich bin der Welt abhanden gekommen » extrait de Rückert-Lieder

Ich bin der Welt abhanden gekommen,
Mit der ich sonst viele Zeit verdorben,
Sie hat so lange nichts von mir vernommen,
Sie mag wohl glauben, ich sei gestorben!

Es ist mir auch gar nichts daran gelegen,
Ob sie mich für gestorben hält,
Ich kann auch gar nichts sagen dagegen,
Denn wirklich bin ich gestorben der Welt.

Ich bin gestorben dem Weltgetümmel,
Und ruh’ in einem stillen Gebiet.
Ich leb’ allein in meinem Himmel,
In meinem Lieben, in meinem Lied.

Je me suis perdu au monde,
Avec lequel j’ai jadis gaspillé tant de temps.
Il n’a plus rien entendu de moi depuis si longtemps,
Qu’il peut bien croire que je suis mort.

Cela ne me dérange absolument pas
Qu’il me tienne pour disparu.
Je ne peux rien y objecter,
Car en vérité, je suis mort au monde.

Je suis mort au tumulte du monde,
Et je repose en un lieu paisible.
Je vis seul dans mon ciel,
Dans mon amour, dans ma chanson.

C’est l’un des lieder les plus sublimes de Mahler, à la fois mélancolique et apaisé, évoquant un retrait du monde pour trouver la paix dans l’art et l’amour intérieur. 
Par le LUCERNE FESTIVAL ORCHESTRA | Claudio Abbado | Magdalena Kožena (mezzo-soprano)


🔥 L’AMOUR PASSIONNÉ ET TRAGIQUE

Georges Bizet (1838-1875) – « L’amour est un oiseau rebelle » extrait de « Carmen »

Par Elina Garanca (Carmen). Conductor: Yannick Nézet-Séguin. (2010)

Giuseppe Verdi (1813-1901) – “Addio del passato” (La Traviata)

Violetta, mourante, chante son adieu à l’amour et à la vie avec une émotion déchirante.

Addio, del passato bei sogni ridenti,
le rose del volto già sono pallenti;
l’amore d’Alfredo pur esso mi manca,
conforto, sostegno dell’anima stanca.

Ah! della traviata sorridi al desio;
a lei, deh, perdona: tu accoglila, o Dio!
Ah, tutto, tutto finì.

Le gioie, i dolori tra poco avran fine,
la tomba ai mortali di tutto è confine!
Non lagrima o fiore avrà la mia fossa,
non croce col nome che copra quest’ossa!

Ah! della traviata sorridi al desio;
a lei, deh, perdona: tu accoglila, o Dio!
Ah, tutto, tutto finì.

Adieu, aux beaux rêves du passé,
les roses de mon visage sont déjà pâlies;
l’amour d’Alfredo lui aussi me manque,
réconfort et soutien de mon âme fatiguée.

Ah ! Toi qui as rejeté la pécheresse,
pardonne-lui, accueille-la, ô Dieu !
Ah, tout, tout est fini.

Les joies, les douleurs bientôt prendront fin,
la tombe est la dernière frontière pour les mortels !
Aucune larme ni fleur n’ornera ma tombe,
ni croix avec mon nom pour couvrir ces os.

Ah ! Toi qui as rejeté la pécheresse,
pardonne-lui, accueille-la, ô Dieu !
Ah, tout, tout est fini.

Par Maria Callas, dirigée par Gabriele Santini à la tête du RAI Symphony Orchestra, Turin (1953)

Par Anna Netrebko

Richard Wagner (1813-1883) – « Liebestod » (Mort d’amour)

« Mild und leise wie er lächelt » (Isoldes Liebestod)
C’est une scène d’extase où Isolde contemple Tristan mort et croit le voir lui sourire dans une transfiguration mystique, avant on ouide se laisser emporter par l’amour dans la mort. Occupez-vous
Par Jessye Norman, Wiener Philharmoniker, Herbert von Karajan

Mild und leise wie er lächelt,
wie das Auge hold er öffnet,
seht ihr’s, Freunde?
Seht ihr’s nicht?
Immer lichter
wie er leuchtet,
sternumstrahlet
hoch sich hebt?
Seht ihr’s nicht?
Wie das Herz ihm mutig schwillt,
voll und hehr
im Busen ihm quillt?
Wie den Lippen,
wonnig mild,
süßer Atem
sanft entweht?
Freunde! Seht!
Fühlt und seht ihr’s nicht?

Ertrinken,
versinken,
unbewusst
höchste Lust!

Doux et calme, comme il sourit,
comme il ouvre doucement les yeux,
le voyez-vous, amis ?
Ne le voyez-vous pas ?
Toujours plus lumineux,
comme il resplendit,
entouré d’étoiles,
il s’élève haut.
Ne le voyez-vous pas ?
Comme son cœur courageux enfle,
plein et noble,
débordant dans sa poitrine ?
Comme de ses lèvres,
délicieusement douces,
un souffle sucré
s’exhale doucement ?
Amis ! Regardez !
Ne le sentez-vous pas, ne le voyez-vous pas ?

Se noyer,
sombrer,
inconscient,
extase suprême !


🙏 L’AMOUR MYSTIQUE ET SPIRITUEL

Johan-Sebastian Bach (1685-1750) – « Bist Du bei mir« 

« Bist Du bei mir » est extrait du Deuxième cahier d’Anna Magdalena Bach. Elle épousa Bach, veuf, en 1721 à Köthen et renonça à sa carrière de chanteuse. Elle s’est occupée des quatre enfants de son premier mariage et a donné naissance à 13 enfants, dont 7 sont morts en bas âge. Anna Magdalena survécut 10 ans à son mari et mourut en 1760, veuve épuisée, à Leipzig. « Bist Du bei mir » est l’une des compositions les plus émouvantes de l’histoire de la musique. Le texte a été écrit par un poète inconnu. J.-S. Bach s’est empressé de mettre ces mots en musique. Il a commencé à écrire le « Carnet de notes »Notenbuch » en 1725, rassemblant des airs et des chants qui sont répertoriés sous les numéros 508 à 518 dans le Bach-Werke-Verzeichnis (BWV). Selon des sources plus récentes, le BWV 508 « Bist Du bei mir » (Si tu es proche) remonte à une mise en musique de Gottfried Heinrich Stölzel (1690-1749).

Bist du bei mir, geh’ ich mit Freuden zum Sterben und zu meiner Ruh’. Ach, wie vergnügt wär’ so mein Ende, es drückten deine lieben schönen Hände mir die getreuen Augen zu!

Si tu es avec moi, j’irai avec joie à ma mort et à mon repos. Ah, comme ma fin serait joyeuse, si tes chères belles mains fermaient mes yeux fidèles !

Par Anna Shumarina, Soprano, accompagnée par le Quintette de cuivres Lemberger Gold Brass

Olivier Messiaen (1908-1992) – “Pourquoi ?” extrait de « Trois mélodies »

Un amour cosmique et intemporel.
Par Sylvia McNair, Soprano & Roger Vignoles, Piano.


Et pour terminer sur un note poétique, voici un poème de Paul Éluard – “Je t’aime”
Extrait du recueil Le Phénix (1951)

Je t’aime pour toutes les femmes que je n’ai pas connues
Je t’aime pour tous les temps où je n’ai pas vécu
Pour l’odeur du grand large et l’odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond, pour les premières fleurs
Pour les animaux purs que l’homme n’effraie pas

Je t’aime pour aimer
Je t’aime pour toutes les femmes que je n’aime pas
Qui me reflètent et que je reflète
Je t’aime pour toutes les saisons
Pour les saisons qui changent
Pour le soleil qui repousse l’ombre
Je t’aime pour toutes les femmes que je n’aime pas

Qui me reflètent et que je reflète
Je t’aime pour toutes les saison
Pour le soleil qui repousse l’ombre
Pour le cœur de la mer et le sang de la terre
Pour la rosée et les feuilles de l’herbe
Je t’aime pour toutes les femmes que je n’aime pas


Et de l’un des pères du romantisme allemand, Johann Wolfgang Gœthe (1749–1832), la première strophe de « Einladung » :

Einladung

Mußt nicht vor dem Tage fliehn;
Denn der Tag, den du ereilest,
Ist nicht besser als der heutge:
Aber wenn du froh verweilest,
Wo ich mir die Welt beseitge,
Um die Welt an mich zu ziehen,
Bist du gleich mit mir geborgen:
Heut ist heute, morgen morgen.
Und, was folgt und was vergangen,
Reißt nicht hin und bleibt nicht hangen,
Bleibe du, mein Allerliebstes,
Denn du bringst es und du gibst es.

Invitation

Tu n’as pas besoin de fuir devant le jour
Car le jour que tu cherches à rattraper
N’est pas meilleur que celui d’aujourd’hui ;
Mais si tu t’attardes dans la joie,
Là où je me débarrasse du monde
Pour attirer le monde à moi,
Tu es avec moi dans un paisible refuge :
aujourd’hui est aujourd’hui, demain est demain.
Et ce qui va advenir, tout ce qui est révolu
Cela ne t’emporte pas, ne reste pas fixé.
Reste toi, mon bien-aimé,
Car c’est toi qui apportes et qui donnes tout cela.


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