Pierre Boulez (1925-2016)
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Merci de laisser vos commentaires en bas…
Pierre Boulez était un nom marqué au fer rouge (comme infréquentable) par feu mon Maître en pédagogie Jacques Chapuis.
C’est donc avec curiosité et une certaine émotion que je découvre enfin ce compositeur à l’occasion du centenaire de sa naissance, en 1925.
S’il fut controversé, il n’en fut pas moins l’une des figures les plus marquantes de la musique contemporaine du XXe siècle.
Compositeur, chef d’orchestre, théoricien et pédagogue, il a redéfini les contours de la création musicale par son radicalisme, son exigence intellectuelle et son engagement pour une modernité musicale intransigeante.

Jusqu’au début du XXe siècle, ce qui accrochait l’auditeur c’était principalement le discours mélodique, plus ou moins ‘coloré’ par l’harmonie et l’instrumentation ou l’orchestration, avec comme moteur les deux pôles Tension / Détente de la tonalité, sauf évidemment quelques exceptions notables, comme Stravinsky et les compositeurs de la seconde école de Vienne : Berg, Schönberg et Webern.
Boulez était un grand adepte du sérialisme, mais d’un sérialisme inspiré et non exclusivement intellectuel, ce en quoi il était davantage le disciple de Messiaen.
Écouter sa musique, sans même parler de l’apprécier, concerne encore aujourd’hui un petit nombre d’initiés, pourtant les concerts de son centenaire remplissent la grande salle de la Philharmonie de Paris !
Il y a de quoi s’interroger… et autant de raisons de l’écouter parler et présenter cette « musique contemporaine » (voyez plus bas)!
Pour élargir ce cercle d’initiés (et pourquoi pas, pour le rejoindre ?…), je vous propose (conseille et recommande !) de vous immerger dans cet univers si particulier.
La possibilité que nous avons d’écouter, et surtout de réécouter des enregistrements est une chance formidable pour nous familiariser avec l’inconnu, le déroutant, l’étrange, et l’apprivoiser (comme notre cher Petit Prince et le Renard) par petites touches ou des plongeons dans le grand bain (dont on sortirait avec la nage d’un petit chien)…
Pour le petit bain…
12 Notations (1945)
Pierre-Laurent Aimard, Piano
Avec la partition : 0:04 – I. Fantasque – Modéré 1:03 – II. Très vif 1:24 – III. Assez lent 2:22 – IV. Rythmique 2:53 – V. Doux et improvisé 3:43 – VI. Rapide 4:09 – VII. Hiératique 5:34 – VIIII. Modéré jusqu’a très vif 6:19 – IX. Lointain – Calme 8:40 – X. Mécanique et très sec 9:01 – XI. Scintillant 9:38 – XII. Lent – Puissant et âpre
Sonatine (1946)
pour Flûte et Piano, par Sophie Cherrier, Flûte & Pierre-Laurent Aimard, Piano (1991)
Oubli signal lapidé (1952)
Pièce en 7 parties sur un texte de Armand Gatti, pour chœur mixte à 12 voix.
1ère partie par l’Ensemble Marcel Couraud sous sa direction.
Le marteau sans maître (1954) – Extrait
Sur des poèmes de René Char extraits de son recueil « Le marteau sans maître ».
V. « Bel édifice et les pressentiments »
Par Salomé Haller, mezzo soprano et l’Ensemble Orchestral Contemporain – Daniel Kawka, direction.
Ces deux pièces vocales enchaînées
Pour le grand bain…
Pli selon pli
Don (1/5) Portrait de Mallarmé pour soprano et orchestre
Marisol Montalvo, soprano – Orchestre du Conservatoire de Paris Ensemble intercontemporain – Matthias Pintscher, direction.
Enregistré en direct le 3 février 2015 à la Philharmonie de Paris.
Structure I en 3 parties pour 2 pianos (1952)
Avec la partition : Ia 0:00 (3’26) – Ib 3:26 (9’31) – Ic 12:55 (2’37)
Par Pierre Boulez et Yvonne Loriod
Pour les compétitions…
Incises (1994/2001)
Pièce composée pour un concours de piano, commande de Luciano Berio et Maurizio Pollini
par Sébastien Vichard, piano (2014)
Sonate n°2 (1947-48)
Maurizio Pollini, Piano.
Avec la partition : 0:00 I. Extrêmement rapide 6:01 II. Lent 17:06 III. Modéré, presque vif 19:20 IV. Vif
Pour la grande traversée, croisière d’îles en îles…
Concert du Centenaire enregistré et filmé le 6 janvier 2025 à la Philharmonie de Paris.
- Pierre Boulez – « Mémoriale (…explosante-fixe… Originel) » pour Flûte solo et Ensemble Instrumental (5’40)
- Pierre Boulez – « Messagesquisse » pour Violoncelle solo et 6 violoncelles (9’20)
- Pierre Boulez – « Sonatine » pour Flûte et Piano (12’10)
- Charlotte Bray – Nothing Ever Truly Ends (création mondiale) (12’10)
- Pierre Boulez – « Répons » pour 6 Solistes, Ensemble, Sons informatiques et électroniques en temps réel (44′)
Bande son du concert : j’ai remplacé les applaudissements par des plages de silence de 3 à 5 secondes.
Pour ce concert, Pierre Bleuse et l’Ensemble Intercontemporain ont réuni un plateau de haute volée : Jean-Guihen Queyras (violoncelle), Pierre-Laurent Aimard, Hidéki Nagano, Dimitri Vassilakis (piano), Sophie Cherrier, Emmanuelle Ophèle (flûte), Gilles Durot, Samuel Favre (percussion), Valeria Kafelnikov (harpe) et Aurélien Gignoux (cymbalum).
Le coin des écoutes comparatives
12 Notations (1945)
Pierre-Laurent Aimard, Piano
Version pour orchestre, par le Lucerne Festival Academy, dirigé par Pierre Boulez.
Ordre des pièces : 1 – 7 – 4 – 3 – 2
Présentées et jouées en concert par Jean-Efflam Bavouzet*
* Jean-Efflam Bavouzet a eu Jacques Chapuis comme professeur de piano avant d’entrer au CNSM de Paris.
Chapuis l’avait invité pour un récital dans le cadre d’un Congrès Willems et rencontre EPTA à Lyon en … 1990 ?
Je me souviens que Chapuis le présentait comme un de ses élèves, mais celui-ci n’en fait pas mention dans sa biographie…
Incises (1994/2001)
par Sébastien Vichard, piano (2014)
Sur Incises – Pour 3 Pianos, 3 Harpes et 3 Percussions
Par Julien Blanc, Philippe Hattat, Antoine Ouvrard, piano Jean-Baptiste Bonnard, Thibault Lepri, François Vallet, percussion Marcel Cara, Lauriane Chenais, Léo Doumène, harpe Bruno MANTOVANI, direction
Pour apprendre à nager…
Une leçon de Pierre Boulez sur la FORME
A partir de deux extrait d’œuvres : le « Pierrot lunaire », d’Arnold Schönberg, et « Éclat », de Pierre Boulez.
J’ai retranscrit le texte de cette leçon et je vous recommande la lecture de quelques extraits (PDF en lien).
Vous pouvez naturellement regarder la vidéo ci-dessous dans laquelle il présente en détail ces deux œuvres. C’est passionnant !
Vous ne reconnaissez pas les choses, vous allez les reconnaître, vous semblez les reconnaître, et finalement vous les reconnaissez tout en étant pas très sûr de quand vous les reconnaissez. C’est comme ça que cette pièce [« Sur Incise »] est composée.
C’est-à-dire qu’il n’y a plus de forme comme par exemple dans la musique classique, où l’architecture était totalement définie avant même d’exister, et vous remplissez une architecture suivant un plan donné. Tandis que là, vous créez l’architecture au fur et à mesure que vous trouvez les idées.
C’est pour ça que la musique contemporaine est peut-être plus difficile en un certain sens, parce qu’il faut avoir vécu, avoir passé au travers, mais je crois que c’est beaucoup plus enrichissant parce qu’au fond, vous avez découvert un monde qui n’était pas inscrit chez vous avant de l’entendre.
Pierre Boulez, extrait de
Une leçon de Pierre Boulez présentant « Sur Incise »
film de Andy Sommer (2000)
Une leçon de Pierre Boulez présentant « Sur Incise »
Enfin, je vous recommande vivement de regarder ce film de 50′. Je trouve incroyable qu’à aucun moment Boulez ne parle de technique d’écriture, qui sous-entendrait qu’il faut un préalable de connaissances intellectuelles pour pouvoir écouter cette musique.
Bravo pour ce travail colosal, et aussi pour la rédaction de présentation, toujours si agréable à lire, et si bien écrite qu’elle donne envie d’aller voir (écouter) plus loin.
Merci pour ces voyages musicaux.
Monica