Écoute musicale n°41
Écoute musicale n°41

Écoute musicale n°41

Krzysztof Penderecki (1933-2020)

Compositeur polonais, Krzysztof Penderecki a évolué un peu à contre-courant des évolutions les plus communes, voire des plus naturelles. En effet, ses premières œuvres sont de facture dodécaphoniques, langage volontairement atonal, voire anti-tonal, alors que ses compositions de sa dernière période renouent avec la musique tonale, un peu à l’inverse de Frantz Liszt.
C’est comme si la fougue et l’impétuosité du jeune compositeur s’était assagie avec le temps.

Écouter Penderecki ne peut se faire distraitement, en dilettante, en faisant autre chose en même temps.
Non pas que cela soit souhaitable pour les autres compositeurs présentés ici, mais avec une musique ‘classique’ plus familière, les repères sont assimilés. Pas avec le jeune Penderecki. En revanche, les œuvres de la fin de sa vie sont plus faciles à aborder.

Aussi je vous propose un parcours progressif vous permettant, si c’est nécessaire, d’apprivoiser les dissonances de ce langage.
Il me fait beaucoup penser à Chostakovitch, et aussi à Prokofiev. Les ruptures dynamiques et les clusters sont nombreux.

Comme pour toute nouvelle écoute et découverte, je vous recommande d’écouter chaque extrait plusieurs fois, de telle sorte que ce langage vous devienne familier. Vous finirez certainement par l’apprécier. Telle fut en tout cas mon expérience…

Je n’ai pas la prétention de dresser un portrait exhaustif de ce compositeur prolixe (voir ici le catalogue complet de ses œuvres). Je souhaite seulement proposer quelques portes d’entrée… Voici donc 4 compilations, en commençant par le violon qui fut son premier instrument :

  • Compilation 1 / Violon (presque) solo (13’52) : Danse (1’24), par Robert H. Simonds, Violon – Trois miniatures (5′) pour Violon et Piano (1959) par R. Kabara, Violon & M. Cieniawa, Piano – Cadence (7’25), par Sylwia Marut, Violon (elle commence par des appels de Seconde mineure descendante).
  • Compilation 2 / Violon & Orchestre (21’46) : La Follia (2013), Violon solo (11’40) – Caprice pour Violon et Orchestre (1967) (10′).
  • Compilation 3 / Quatuor à cordes (15’40) : Quatuor n°4 (2016), IV° Mvt. (6’34) – Quatuor avec Clarinette (1993) I. Notturno (3’18) – Quatuor n°1 (1960) (5’48).
  • Compilation 4 / Chœur et Orchestre (17’21) : Jutrznia. Utrenja « Matines » (1969-71) – Mise au tombeau du Christ : Stichíra (8’14) – Magnificat (1973-74) : Passacaglia-Magnificat (9′).

Vous trouverez ci-dessous ces mêmes œuvres séparées.

Violon

Tanz par Robert H. Simonds, Violon.

Trois miniatures pour Violon et Piano (1959) / R. Kabara, Violon & M. Cieniawa, Piano.

Cadence (1984) pour Alto solo, version pour violon par Sylwia Marut.

Voici la partition pour faire un excellent exercice de déchiffrage et d’intonation !
Visionner un extrait en coupant le son, puis reprendre au début avec le son, soit en chantant en même temps, soit pour contrôler votre intonation… Notez que ce n’est pas l’interprétation que j’ai choisie pour l’écoute seule.

La Follia, pour Violon solo (2013), par Alicja Pustuła.

Caprice pour Violon et Orchestre (1967) par Paul Zukofsky, Violon, Buffalo Philharmonic Orchestra dirigé par Lukas Foss.

Concerto pour Violon et Orchestre n°2 “Métamorphose” (1995), par Konstanty Kulka, Violon, et le National Polish Radio Symphony Orchestra (Katowice), dirigé par Antoni Wit (38’20).

 » Dans sa musique, Penderecki a souvent démontré son attitude particulière à l’égard du violon, l’instrument qu’il a étudié avec assiduité dans sa jeunesse. En tant que compositeur et chef d’orchestre, il a travaillé avec de grands virtuoses du violon. La maîtrise d’Anne-Sophie Mutter, avec laquelle il a interprété le Concerto pour violon n° 1 de Prokofiev en 1988 à Lucerne, l’a incité à écrire son Concerto pour violon n° 2 (1992-95). Entre-temps, le compositeur a été fasciné par l’idée esthétique de la claritas, ce qui a influencé dans une certaine mesure la forme finale du nouveau concerto. Par rapport au concerto écrit pour Isaac Stern, sa nouvelle œuvre est beaucoup plus légère, tant au niveau de la texture que de l’expression. Tout comme le Concerto Winterreise pour cor ne contient pas de références à Schubert, « Metamorphosen » n’est pas un hommage à Richard Strauss. Le sous-titre du concerto fait référence aux deux tentatives de donner au concerto sa forme finale, ainsi qu’aux transformations du matériau sonore, avec des thèmes lyriques et des cantilènes présentés dans différentes variantes instrumentales, pleines d’élans virtuoses – en particulier dans les parties solistes. Cette hybridité se manifeste également dans l’harmonie et la forme de la pièce, qui unifie des éléments opposés et ressemble à une forme sonate avec plusieurs points culminants. La pièce s’ouvre sur un Allegro ma non troppo. La mélodie ascendante du violon, semblable à une chanson, présente des intervalles de sixte et de tierce mineure caractéristiques. Le thème en triolets des altos dans l’Allegro vivace conduit à une courte cadence. Suit un Meno mosso avec un thème mélancolique démontrant un contour d’octave (des structures intervallaires similaires ont également été utilisées dans d’autres œuvres de Penderecki datant de cette période). Ici, la section tranquillo attire l’attention avec des couleurs sublimes produites par le célesta, le triangle, les cloches de l’orchestre, le cor et la clarinette. Tempo primo est un retour au type initial de narration musicale, et l’Allegretto et l’Andante qui suivent conduisent à un Vivace serein. Le retour du motif en triolets et une mélodie entièrement nouvelle en si mineur précèdent un violent point d’orgue et une cadence rétrospective en solo. Après une douzaine de clusters, l’Andante con moto, en forme d’épilogue, rétablit pour la dernière fois l’atmosphère sombre du début. À la fin, le violon monte, à la manière d’une chanson, dans son registre le plus aigu et s’accorde avec l’orchestre sur un accord de tonalité mineure. « 

Piano

Concerto « Résurrection » pour Piano et Orchestre (2001-2002, révision 2007)
Mūza Rubackytė, Piano et le Lithuanian National Philharmonic Society, dirigé par Maximiano Valdes.

Musique de chambre / Quatuor à cordes

Quatuor à cordes No. 4, IV (2016) par le Silesian Quartet (6’34) :
Szymon Krzeszowiec, 1er Violon – Arkadiusz Kubica, 2ème Violon – Łukasz Syrnicki, Alto – Piotr Janosik, Violoncelle.

Quatuor à cordes No. 2 (1968) par le Silesian Quartet (7′) :
Szymon Krzeszowiec, 1er Violon – Arkadiusz Kubica, 2ème Violon – Łukasz Syrnicki, Alto – Piotr Janosik, Violoncelle.

Quatuor à cordes n°1 (1960) par le Late Quartet (jeune quatuor féminin russe) :
Varvara Kosova, Violon – Natalia Pyankova, Violon – Serafima Veprintseva, Alto – Maria Mironova, Violoncelle.

Quatuor avec clarinette (1993)
Enregistrement intégral des quatre mouvements (14’53) : I. Nocturne (3’18) – II. Scherzo (2’32) – III. Sérénade (1’17) – IV. Adieu (7’44). Silesian Quartet et Piotr Szymyslik, Clarinette.

Chœur et Orchestre

Jutrznia. Utrenja « Matines » (1969-71) – Mise au tombeau du Christ : Stichíra (8’14)

Magnificat : Passacaglia-Magnificat (1973-1974). Krzysztof Penderecki dirige le Polish Radio Chorus of Krakow / Krakow Philharmonic Chorus / Polish National Radio Symphony Orchestra.


Thrène à la mémoire des victimes d’Hiroshima (1960) – 8’37 » par le Rundfunk-Sinfonieorchester Leipzig & Herbert Kegel.
Cette composition abstraite d’abord intitulée 8’37 » (durée de l’oeuvre), s’est vue renommée par Penderecki après qu’il en eut entendu une interprétation vivante qui lui a suggéré cet hommage aux victimes d’Hiroshima.
La vidéo présente un montage à partir de photos de Hiroshima après le l’explosion d’une seule bombe de 20 Méga-tonnes…
J’en recommande le visionnage, pour ne pas oublier ce dont l’Homme est capable…
Au sujet de la Bombe, pour informer mes jeunes ex-élèves, ils peuvent visionner ce court documentaire : https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/afe86003282/la-bombe-atomique-hiroshima-nagasaki

Pour les lectrices qui comprennent le polonais, voici une intéressante vidéo qui présente les diverses facettes de ce compositeur.
Les extraits musicaux choisis parlent d’eux-même, bien qu’ils soient très brefs…

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